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vendredi 12 mai 2017

Lettre ouverte aux fonctionnaires français et aux agents de la fonction publique en France



Pour un délinquant, 
les premiers témoins d'humanité 
sont souvent les flics, 
les gendarmes, les juges, les éducateurs.
Ces métiers sont ingrats et difficiles, c'est vrai. 
Ils sont aussi primordiaux.
Un flic qui propose gentiment un sandwich, 
qui offre une boisson 
et qui ne traite pas un suspect comme un chien, 
on s'en souvient.
Dans un interrogatoire, 
une véritable affinité peut surgir. 
J'en ai été témoin. 
Les punisseurs peuvent être 
des semeurs de prévention. 

Lettre ouverte à mon père, 
Président de la France









Voir aussi cette excellente vidéo de Thierry Casasnovas 
sur le thème de la semence : "Sème la vie".



Chers compatriotes,


1. Cette lettre fait suite à la tribune : Eloge de la fonction publique du projet France2022. Dans les temps que nous allons vivre, chaque citoyen français aura besoin d'un surcroît de vigilance de votre part. Vous pouvez devenir des remparts contre les déferlantes qui s'abattent sur notre pays et menacent, de toutes parts, ce qui est fragile, ce qui paraît négligeable, ce qui n'a aucun prix aux yeux d'un monde en perdition mais qu'un monde qui souffre dans les douleurs de l'enfantement est capable d'apprécier à sa juste valeur.

2. Voilà plus de quarante ans, une loi scélérate, la dépénalisation de l'AVG (arrêt volontaire de grossesse), a rendu vos missions de plus en plus difficiles à exercer. En apporter la preuve complète ici serait trop long mais, en deux mots, nous pouvons affirmer ceci : à partir du moment où les plus faibles d'entre nous ne sont plus protégés par la loi, tout l'édifice juridique menace ruine puisque toute disposition protectrice prescrivant ce qui est légal est censée protéger ceux qui n'ont pas les moyens de se défendre contre de plus forts qu'eux. Pour vous qui êtes aux avant-postes des crises majeures que traverse notre pays, les preuves accablantes des ravages de l'IVG sont votre lot quotidien. Nul besoin de s'y attarder ici. Vous en êtes les témoins chaque jour.

3. Cette loi inique a engendré la plus grande confusion, notamment entre le légitime et le légal. A partir du moment où l'illégitime - le meurtre d'un être humain dans le sein de sa mère - est rendu légal, toute action illégitime s'engouffre dans la brèche ouverte pour réclamer son dû, ses dérogations, ses passe-droits, ses privilèges : des arguments qui la justifient, des dispositions juridiques qui l'entérinent, des mensonges qui la revêtent de légitimité factice. Et ce, au nom de principes généraux tournés en dérision : la liberté, l'égalité, la fraternité, ... Au nom de la liberté pour une femme de disposer de son corps, lui est accordée la liberté de faire exécuter celui qu'elle porte. Le comble de l'horreur quand on prend le temps d'y réfléchir et une forme de suicide pour elle qui se prive ainsi d'un trésor, en dépit des apparences immédiates car l'enfant, même non désiré ou inattendu, même gravement handicapé et a fortiori en bonne santé, n'est pas seulement un poids, une charge, un souci, une contrainte, ... mais il porte un message d'une importance capitale pour qui veut bien l'accueillir et l'entendre.

4. Quand l'illégitime devient légal, on peut s'attendre à ce que le légitime devienne illégal ou que le légal perde sa légitimité et son autorité. Par exemple, s'opposer à la culture de mort qui a envahi la France depuis 1975 (voir à ce sujet la tribune : "Abolition de la mort des tout petits en gestation"). Opposition qu'un Etat dévoyé cherche de plus en plus à sanctionner et même à rendre passible de condamnation pénale. Autre exemple d'une brûlante actualité : la multiplication des propositions pornographiques dont la loi est censée protéger les mineurs mais que nul rempart sérieux ne préserve désormais.

5. Pourquoi est-il devenu si difficile en France d'enseigner, de secourir, d'arrêter les actes de violence, de protéger les enfants maltraités, de défendre les sans grades et les exclus, de faire respecter de simples règles de civilité ou de politesse usuelle, de sanctionner les actes délictueux ... ? Serait-ce parce que le monde tendrait inéluctablement vers un état de délabrement ? Serait-ce en raison de l'entropie de tout système physique fermé ? La vie n'est-elle pas cependant, par essence, néguentropique ? Notre monde, à l'échelle humaine, n'est-il pas ouvert ? Serait-ce parce que les hommes et les femmes de ce temps seraient pires qu'autrefois ? Parce que tout fout le camp ? Parce que les fonctionnaires ne travailleraient pas assez ? Parce que nos sociétés tendraient vers toujours plus de violence manifeste ? (ce qu'une étude statistique dément formellement sous le titre "paradoxe de la violence" dès lors que l'on ne tient pas compte de la violence la plus cachée ou tout simplement niée comme l'avortement ou le trafic d'organes ou l'esclavage).

6. A la réflexion, on s'aperçoit que les réponses à courte vue ne rendent pas compte du phénomène engendré par la libéralisation de l'avortement : lorsque les personnes sans défense ne sont plus protégés par la loi, chacun d'entre nous risque, un jour ou l'autre, de tomber sous le coup d'une condamnation imbécile, d'une action meurtrière, d'une basse manoeuvre et tout délinquant potentiel ou actif aura beau jeu ensuite de comparer ses méfaits à ceux de médecins criminels. Quand il aura brûlé des voitures, braqué une banque, détroussé de riches marchands ou de pauvres vieillards, violé, ... il pourra toujours se placer au-dessus de ces bourreaux des temps modernes et faire valoir qu'il n'a pas été jusqu'à tuer un sans défense dans le sein de sa mère. Comparaison orgueilleuse et scandaleuse, évidemment, mais qui ouvre la porte d'une rédemption possible : quand des professionnels de santé sans âme ou épris de fausse générosité s'en prennent sans remord à des vies pleines de promesses, même celui qui a du sang sur les mains par égarement, vanité ou violence trop ordinaire, peut espérer sortir un jour d'un cycle infernal à condition de trouver sur son chemin un visage d'humanité et d'entendre enfin une parole qui lui montre une direction salutaire : le meurtre n'est jamais la fin d'une histoire dès lors que le pardon parvient à frayer son chemin au milieu des embûches que dressent sur son passage l'ignorance, l'orgueil, le ressentiment, l'amertume ou l'arrogance. 

7. Comment pouvez-vous, dans l'exercice de vos fonctions publiques enrayer l'hémorragie qui entraîne la France et l'Europe dans une impasse et les conduit au suicide tout en les incitant à se replier ? Chacun d'entre vous trouvera les moyens qui conviennent le mieux aux contraintes et aux latitudes de sa situation. Soyez "prudents comme des serpents et simples comme des colombes" (Mt 10, 16). Ne prenez pas le risque de vous exposer en solitaire et dangereusement même pour une cause aussi noble que de défendre tous ceux qu'un monde devenu fou élimine ou tente d'éliminer. N'agissez pas seul, non seulement pour vous soutenir mutuellement mais encore pour déterminer ce qu'il convient de faire au cas par cas.

8. Votre champ d'action est beaucoup plus vaste qu'il n'y paraît au premier abord. Vous pouvez donc agir en faveur de la vie de tous sans mettre en péril votre carrière et ceux qui dépendent de votre travail car il ne s'agit pas d'abord de contester des dispositions légales mortifères mais de faire en sorte qu'elles ne trouvent plus d'écho dans la société civile et tout fin connaisseur de la fonction publique sait que le soi-disant impossible pour ces haut-gradés (qui se réservent les coups de maître, les interventions d'éclat à fort retour d'investissement ou les manoeuvres subtiles qui étoffent le réseau des bons copains ...) devient possible pour un agent lambda de la fonction publique qui ne se laisse pas arrêter par des freins imaginaires et n'a cure de sa renommée : un texte de loi mauvais, un règlement administratif médiocre, ... n'empêche pas un fonctionnaire intelligent et déterminé d'agir dans le sens d'un bien supérieur et ne lui interdit pas de "semer la vie" jour après jour. En l'occurrence : choisir la vie d'un être en gestation plutôt que de se rendre complice de son élimination et de sa destruction.

9. Voici l'un des points de vigilance qu'il vous faudra tenir, contre vents et marées : vous "battre" sans relâche pour que le gouvernement français ne réduise pas le nombre des agents de la fonction publique à la portion congrue. Une conception erronée de l'organisation des sociétés dites avancées tend en effet à vouloir réduire de plus en plus la fonction publique en usant de mille prétextes aussi fallacieux les uns que les autres : possibilités nouvelles d'automatiser certaines tâches, manque d'argent public, amélioration de la qualité des services par mise en concurrence, ... Chacun de ces arguments peut être valable dans un contexte donné et peut être contesté dans d'autres situations. Vous "battre" intelligemment, bien sûr, c'est-à-dire en veillant toujours à ne pas braquer contre vous les bénéficiaires de vos services. Vous "battre" avec honnêteté c'est-à-dire en justifiant vos actions par des raisons solides qui se fondent non pas seulement sur la défense de vos propres intérêts mais aussi sur la sauvegarde de l'intérêt général, du bien commun et toujours en vue d'un bien supérieur ou d'un moindre mal. Cette approche permet d'échapper au manichéisme qui prétend tout régler par l'opposition entre le bien et le mal car, si cette séparation est essentielle pour le discernement et pour le jugement, toute conduite effective et affective honnête trace le plus souvent son chemin dans un maquis où se mêlent le bon grain et l'ivraie, un maquis où il faudra choisir entre deux maux le moindre, entre deux biens, le meilleur.

10. Dans votre défense d'effectifs et de moyens bien calibrés, ne vous laissez jamais intimider par les tenants d'une dérégulation touts azimuts qui estiment que tous les autres sont de trop sur cette planète sauf ... eux-mêmes ! Ne vous laissez jamais impressionner par tous ces indispensables qui ne voient dans les autres que des pions interchangeables, des coûts soi-disant insupportables et qui oublient de mettre en balance les dépenses et les recettes. S'ils savaient compter, il y a longtemps qu'ils auraient mis fin au massacre des saints innocents ... Si leurs raisons étaient vraiment valables, ils auraient, depuis belle lurette, fait en sorte que la dette publique ne s'envole pas ; ils n'auraient pas, dans certaines circonstances scandaleuses, brader le patrimoine public au bénéfice de quelques intérêts privés tout heureux de mettre la main sur des pépites de grande valeur ou des poules aux oeufs d'or de la France.

11. Deuxième point de vigilance : résistez sans crainte et farouchement à toute tentative de prédation de l'espace public et de ses trésors par des acteurs qui vont profiter de la faillite imminente de l'Etat français pour s'emparer des "joyaux de la couronne". Comme en 1940, lors de l'évasion de l'or de la Banque de France, vous aurez à faire preuve de beaucoup d'ingéniosité et de sang froid pour mettre à l'abri du vol ce qui peut être encore sauvegardé. Des missions exaltantes vous attendent : veiller sans cesse sur un patrimoine français exceptionnel, accumulé par des générations d'hommes et de femmes prévoyants qui pensaient à long terme et ne raisonnaient pas seulement en terme de rentabilité maximale à très court terme.

12. Méfiez-vous comme de la peste de ces prestataires externes sans scrupules, de ces consultants malhonnêtes (il en existe d'honnêtes, bien sûr) qui fourbissent des formules magiques et prétendent connaître mieux que vous le fonctionnement d'une administration et qui ne pensent, au fond, qu'à plaquer leurs recettes peut-être excellentes pour une organisation soumise à une concurrence internationale mais sans intérêt pour un service public de qualité qui n'a pas pour point de mire un profit juteux au détriment des plus pauvres mais qui est d'abord animé par le souci de répondre aux plus nécessiteux comme à ceux qui ne manquent de rien en respectant un principe élémentaire d'équité et selon des procédures dont les contraintes manifestent de nobles exigences. S'il est certes possible aujourd'hui de bâtir des systèmes d'information performants, rien ne remplacera jamais le sens de l'écoute, la capacité de voir d'un coup d'oeil exercé ou d'entendre d'une oreille attentive le besoin primordial d'une personne sollicitant vos services ou livrée à votre pouvoir régalien.

13. Dans toutes vos missions, pensez à redécouvrir ce que l'on appelle "la grâce d'état", ce supplément d'âme, d'esprit et de vigilance qui permet à toute personne missionnée par une autorité digne de l'être d'accomplir des merveilles dans l'exercice de ses fonctions. Cette grâce d'état communique à qui veut bien la connaître, la recevoir et s'en saisir, des "pouvoirs" qu'il n'aurait pas autrement. En un mot, d'exercer les sept dons de l'Esprit Saint : don de conseil, d'intelligence, de science, de sagesse, de crainte, de force et de piété, dons qui ne sont pas réservés aux seuls baptisés (puisque l'Esprit souffle où Il veut) même si les sacrements du Baptême et de la Confirmation permettent d'en accueillir toute la plénitude et de leur faire porter beaucoup de fruits de paix, de justice, de joie.

14. En découvrant toujours plus ce qui fonde votre rôle et ce qui peut soutenir votre action, vous pourrez rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est en Dieu sans vous laisser brider par des dispositions hasardeuses et même nuisibles. Rien ne doit vous empêcher d'exprimer vos convictions profondes, que vous soyez avec un patient, un élève, un contribuable, un contrevenant, un quidam ... car sinon s'établit une frontière artificielle entre les croyances qui seraient tolérables dans l'espace public et celles qui ne le seraient pas ! comme s'il était plus dangereux d'annoncer la Résurrection du Christ que de prôner un régime alimentaire, une ablation d'organe ou une contraception chimique finalement nuisibles, de se dire musulman que de croire qu'un élève est un cancre, qu'il le restera et de lui asséner cette "vérité" qui démontre simplement l'incapacité de l'enseignant à porter un regard d'espérance sur un sujet encore jeune ; comme s'il était plus répréhensible de vous affirmer juif pratiquant ou membre de toute autre religion que de mettre en oeuvre une méthode de soin, d'éducation, de contrôle ... aux fondements incertains comme le sont la plupart des méthodes profanes d'origine humaine : excellentes dans certains champ d'application, elles peuvent s'avérer inopérantes et même désastreuses en dehors de ces champs. Une simple croyance aura pu vous faire passer d'un champ d'application valable à un autre, totalement incongru et ce, sans crier gare. 

15. Ainsi, prenez le temps d'approfondir ce qui vous anime au tréfonds de vous même. Vous rencontrerez, en vous et autour de vous, une multitude de croyances de tous ordres que nombre de citoyens seraient bien en peine de valider ou d'invalider. Ainsi, croire en ce début de XXIème siècle que les croyances dites religieuses seraient les moins aptes à occuper l'espace public est bien une croyance et une idée fantaisistes ! Les croyances religieuses sont de celles qui ont été le plus éprouvées au cours des siècles et bien davantage qu'une ribambelle de croyances païennes et profanes qui plastronnent dans le domaine public en se targuant d'être indubitables ou en se présentant comme remèdes quasi universels quand elles n'ont pas le toupet de prétendre balayer des vérités d'une très grande solidité et admises par les générations antérieures, depuis la nuit des temps.


16. L'année 1975 a inauguré pour la France et l'Europe une nouvelle ère glaciaire : le droit et la justice ont été fort mis à mal sous les coups de butoir de fanatiques qui, sous couvert de bons sentiments, ont abattu un sanctuaire qui aurait dû demeurer inviolable. En détruisant le rempart de la loi contre les fossoyeurs de la vie naissante et marchands de fausse monnaie, l'Etat français a livré les tout petits aux turpitudes des hommes et des femmes, les a offerts en pâture à une médecine devenu folle. En instaurant le recours légal à l'IVG, il transformait des tueurs de facto en bourreaux de jure. Ce coup fatal porté à l'édifice du droit positif français fut rendu possible par l'entremise d'une juriste de talent qui défendit avec bravoure et panache ses options mais qui "réussit" en agissant par incompétence : alors qu'il aurait fallu confié la défense des femmes et des enfants à une avocate de métier, celle-ci fut prise en main par une magistrate qui n'avait pas toutes les clefs nécessaires et qui ne possédait pas toutes les armes requises pour ce combat.

17. Les partisans de la dépénalisation de l'avortement ont crié victoire mais, depuis des années et de plus en plus aujourd'hui, les fonctionnaires et agents de la fonction publique en France paient un très lourd tribut à ce qu'il faut bien reconnaître maintenant comme une défaite de la pensée, une démission de l'Etat français, une reddition de la nation française, une capitulation honteuse. Tandis que quelques-uns d'entre eux se trouvent désormais aux avant-postes d'une guerre titanesque livrée contre les jeunes générations par les tenants d'un ordre mortifère et contre les personnes hors course d'une mondialisation échevelée, prônée par ceux qui trouvent quelques avantages à voir détruit tout ce qui est faible à leurs yeux et ne mérite aucune place dans leurs jeux de brutes épaisses, d'autres agents de la fonction publique - la très grande majorité - sont tous les jours sur la brèche pour colmater les dégâts sans nom que provoque en cascade le droit de tuer un être humain en gestation : jeunesse déboussolée, désoeuvrée, défoncée ou démolie (quand d'autres jeunes, heureusement épargnés, brillent de mille feux) ; femmes, hommes et territoires à l'abandon ; personnes isolées ; parents désorientés, familles détruites ; entreprises coulées (y compris par des instances censées les protéger ... ), corps intermédiaires à la dérive, nation en ruine. Une multitude d'agents de la fonction publique se retrouvent confrontés à des situations qui dépassent leur champ de compétence naturel et les sollicite de plus en plus sur le plan surnaturel : les souffrances sont si grandes et parfois si cachées, les violences si gravess, qu'ils leur faut agir avec des moyens qui ne relèvent plus seulement de l'art maîtrisé et de méthodes professionnelles en adéquation avec leurs missions premières mais plus encore d'une grâce (heureusement surabondante) capable de défaire des noeuds ou de résoudre des situations inextricables à vue humaine.

18. Oui,  vous êtes appelés à livrer bataille et à résister alors que s'étendent à perte de vue les champs de ruine laissés par la guerre sans nom menée contre les personnes sans défense et les tout-petits et même une grande partie de la jeunesse de notre pays car, à bien y regarder, les visages les plus sordides de la mondialisation déloyale sont les masques d'un crime répandu à la surface du globe terrestre dans tous les pays où la peur de l'avenir, de la surpopulation et de la misère a choisi de se dissoudre dans l'avortement. Si la France et l'Europe doivent aujourd'hui faire face à une concurrence sauvage et déloyale c'est aussi parce qu'en maints endroits l'enfant à naître, le nourrisson, les enfants, les écoliers, les adolescents ne sont plus considérés comme un trésor inestimable mais comme des boulets. Ici et là, et de plus en plus, le meurtre sélectif élimine de préférence les enfants porteurs d'un trouble génétique ou, tout simplement, d'une paire de chromosome X puisqu'au XXIème siècle l'humanité n'est pas encore sortie de la barbarie et préfère la venue au monde d'un garçon à celle d'une fille de sorte que non seulement la population de certains continents vieillit mais se déséquilibre dangereusement, en Chine et en Inde notamment.

19. Derrière les biens et services frelatés, les marchands de sommeil, les vols de matériau et d'armes, les mutilations des corps, les trafics en tout genre, la diffusion massive de contenus pornographiques ... se cachent ceux qui voient l'être humain comme un pion sur l'échiquier d'un marché gigantesque où tout se vend et tout s'achète, où n'ont droit de cité que les valeurs au fort potentiel rémunérateur à la minute et, si possible, de manière automatique via des algorithmes sophistiqués au service d'une finance qui n'a cure du vivant et ne travaille qu'à l'extension de son règne abominable. Tout ce qui demande du temps pour pousser, grandir, se développer ... est rejeté comme appartenant à un passé révolu, celui de la patience nécessaire, de l'intelligence lente, de l'économie de bon père de famille ou de moine priant et laborieux. A ce train-là, tout ce qui exige plus d'une demi-minute de réflexion, d'écoute, d'attention ... un tant soit peu d'humilité, tout cela est voué aux gémonies puisqu'il serait démontré (?) qu'il faut désormais aller vite, courir, foncer, arriver le premier quitte à se doper ou à tricher pour parvenir à cette seule fin : gagner à tout prix, satisfaire les appétits les plus vils.

20. Vous pouvez rester et devenir toujours davantage des remparts contre l'oppression d'un monde de fureur qui ne manque pas de vous reprocher vos lenteurs, vos pesanteurs, vos sécurités et vos garde-fous. Ce monde-là essaiera de vous détruire par tous les moyens mais n'écoutez que votre conscience : elle vous dira dans le secret de votre coeur que si vous ne résistez pas à la tornade arnacho-libérale-libertaire et à l'ouragan liberticide, vous serez engloutis à votre tour comme ces vieux chênes auxquels on préfère des essences à pousse rapide, quitte à détruire des écosystèmes multiséculaires. Résistez avec l'humilité du roseau. Vous pouvez plier en apparence mais tenir bon et ferme chaque fois qu'une vie humaine est en jeu, qu'un être vivant est en danger, méprisé ou massacré et que vous savez qu'un plus fort est en train de vouloir se débarrasser d'un plus petit que lui en ces temps de crasse ignorance où les hommes et les femmes ont perdu le chemin de la fontaine de jouvence, à Saint Malon-sur-Mel en Brocéliande ou ailleurs.

21. Prenez le temps de vous former de manière approfondie et continue : les temps de formation sont des moments précieux pour prendre du recul, sortir d'un quotidien devenu harassant ou angoissant. Rejoignez des femmes et des hommes capables de comprendre les difficultés que vous affrontez parce qu'ils évitent de parler de vous comme des profiteurs d'un système : les missions que vous exercez demandent une stabilité, une régularité que le monde échevelé des affaires et des normes fluctuantes, voire aberrantes, ne veut plus défendre pour laisser libre cours aux dérèglements qui font le miel du petit nombre tirant son épingle du jeu, tous ces hors la loi qui contournent astucieusement les dispositions légales ou en promeuvent de favorables à leurs trafics pour parvenir aisément à leurs fins : enrichissement personnel sur le dos de la collectivité et des plus démunis, ascension sociale fulgurante, accumulation de privilèges exorbitants, ... L'actualité récente, en 2017 comme en 2018, ne manque pas d'illustrer ce phénomène ... et ce ne sont pas les prescriptions légales qui suffiront, seules, à dédouaner ceux qui ont commis des forfaits scandaleux ... Un détournement de fond ou un abus de bien social, qu'il soit prescrit ou pas, demeure délictueux même s'il échappe à toute sanction judiciaire. Celui qui a ainsi semé la mort trouvera un jour sur son chemin la récolte qui s'y rattache à moins qu'il ne se repente.

22. Vous êtes l'incarnation de la loi : sans votre présence, la loi est lettre morte. Il vous appartient de l'interpréter et de la rendre vivante. Qu'un vent de liberté vous pousse sans cesse à tendre vers l'esprit de la loi juste qui dépasse largement sa mise en mots. Ne vous croyez ou ne vous sentez jamais dans l'obligation d'aller contre votre conscience : si une disposition vous paraît mettre à mal la dignité ou l'honneur d'une personne, bafouer ses droits légitimes, enfreindre une loi supérieure, sentez-vous libre de ne pas l'appliquer et de la récuser en dépit d'un raccourci malheureux (qui oubli le rôle de l'interprétation dans toute application d'une loi). Il ne s'agit pas, en l'occurrence, de transgresser une loi de la République française mais de faire en sorte qu'aucun texte, que nulle interprétation ne vienne piétiner et ravager la vie d'un homme ou d'un corps intermédiaire, fût-il encore en gestation ou moribond, sous prétexte d'appliquer une règle à la lettre. Rien ne doit vous contraindre à préparer ou à commettre un mal que votre conscience éclairée a réprouvé, ce mal fût-il autorisé par une loi. Voyez toujours plus loin que les esprits bornés qui raisonnent seulement en espèces sonnantes et trébuchantes, qui n'envisagent l'avenir qu'avec désespoir, qui ne savent pas être magnanimes, qui ne résolvent les problèmes qu'en désignant des boucs émissaires faciles puis en les éliminant. 

23. En dépit des apparences, vous êtes détenteurs d'un pouvoir indispensable et d'une rare puissance : le pouvoir de dire NON, de vous opposer à ce qui enfreint la règle juste. Tout en restant en poste, vous avez la faculté de désobéir à un ordre inique, de refuser de participer à une action qui ne respecte pas un principe qui vous tient à coeur alors que tant de personnes se taisent et se couchent, craignant pour leur emploi ou pour leur réputation.

24. Certains présentent la mise en cause des protections dont vous bénéficié comme une oeuvre de justice : pour eux, il faudrait que vous soyez soumis aux mêmes risques que tous les autres professionnels. Méfiez-vous de leurs raisonnements et sachez mettre en pleine lumière ce qu'ils cachent : la volonté folle de transformer chaque être humain (hormis eux-mêmes) en monnaie de singe, en esclave aux ordres d'une machine qui tourne à vide ou ne produit plus que des "biens" frelatés, des poisons qui détruisent brutalement notre jeunesse (boissons alcoolisées déguisées en jus anodins par exemple) ou les patients à petit feu (médicaments aux effets secondaires redoutables, entre autres).

25. Restez cependant très vigilants : vos protections n'ont de sens et d'avenir que dans la mesure où elles demeurent au service de tous, de l'enfant dans le sein de sa mère au vieillard grabataire en passant par l'infirme, le malade, le pécheur condamné par de fausses philanthropies ou des jugements mal étayés. Si vous n'y prenez garde, vos protections seront balayées par ceux qui s'abreuvent au même marigot : celui des eaux usées. Des errements de ce monde, ils n'ont pas une vision claire et s'imaginent y remédier par des actions coupées de la vérité tout entière. De leurs propres turpitudes, ils déduisent des systèmes de pensée et des modèles d'action qui ne tiennent pas compte à la fois des limites du génie humain et de ses capacités inventives. Soit ils développent des utopies dévastatrices, soit ils réduisent de manière aberrante le champ des possibles. Ils diront : chacun est libre de choisir son sexe ou de préférer la mort de l'être en gestation sans voir qu'aller à l'encontre d'un donné génétique risque de générer d'immenses souffrances tandis que choisir la mort c'est ne laisser aucune chance à l'inattendu et c'est ajouter un fardeau sur les épaules de qui a besoin, d'abord, d'être aidé et soutenu en situation de détresse. Voir à ce sujet la tribune : "Création d'une monnaie de service et d'abondancee" du projet France2022.

26. Méfiez-vous, en particulier, de ceux qui ont une vision erronée de la souffrance humaine. La percevant comme un mal absolu, ils pensent qu'elle doit être éradiquée par n'importe quel moyen, même le pire. Ils refusent de s'interroger d'abord sur sa signification ou même de rechercher ses vraies causes. Il leur faut un bouc émissaire immédiat, un ennemi à éliminer : l'enfant à naître, un microbe, un voisin, un pays, une ethnie, un type d'homme ou de femme, un signe astrologique, une relation, un système, ..., une religion, Dieu. Ils en viennent à poursuivre tout ce qui est cause, à leurs yeux, de cette souffrance sans penser qu'elle peut résulter d'un enchevêtrement difficile à démêler et que cela vaut toujours la peine de prendre le temps d'écouter le fond de la détresse humaine quand l'urgence ne commande pas d'agir dans l'instant. Dès que l'on accepte de travailler ainsi, il n'y a jamais d'urgence à tuer un enfant dans le sein de sa mère et l'on prend conscience qu'il vaut mieux un délai dépassé ouvrant le risque noble de lui avoir laissé la vie. Vision certes idéale mais incomplète puisque cela ouvre aussi le risque d'un meurtre encore plus dangereux pour la femme et illégal sur un territoire mais peut-on, en vertu de ce versant si sombre de la (fausse) liberté humaine, autoriser un médecin français à mettre en oeuvre ce que des personnes peu scrupuleuses accomplissaient avant la dépénalisation de l'avortement ?

27. Agissant au coeur de la pâte humaine, vos missions réclament une très grande intelligence des situations (*). Chaque personne qui s'adresse à vous ou que vous devez prendre en charge a sa propre histoire, son propre tempérament, ses limites, ses vulnérabilités ... Tandis qu'un rappel ferme à la loi sera nécessaire pour celui dont l'assertivité est bancale, un autre aura besoin de toute votre patience pour sortir d'une impasse qu'une multitude de raisons aura générée.

(*) Intelligence des situations qui évite l'absurdité d'un comportement simplement dicté par le respect scrupuleux d'une procédure jusqu'à l'aberration de l'arrestation au Taser d'une octogénaire ... (Article du Parisien le 17 août 2018).

28. Ne vous laissez jamais abattre par le sentiment d'être dépassé par certaines situations : le monde contemporain a hérité d'une multitude d'approches qui permettent, un jour ou l'autre, de débloquer les plus inextricables au premier abord. Vous trouverez autour de vous des intervenants remarquables, qu'ils soient dans le public ou le privé, salariés ou bénévoles. Ils ont à coeur de venir en aide aux plus démunis comme aux plus nantis, sans considération de religion, de race, de choix politique, de fortune, de position sociale ... Pour eux, seul compte le souci d'accompagner avec intelligence, respect, délicatesse, discernement ... celui qui n'en peut plus, que cela soit manifestement le résultat de ses propres égarements ou que cela résulte d'une histoire douloureuse dont il est principalement la victime.

29. La crise dite des "gilets jaunes" montre à quel point la France a besoin d'une fonction publique très solide alors que plusieurs voix entonnent le refrain d'un libéralisme destructeur : celles-ci voudraient que notre pays soit livré à tous les vents d'un commerce international qui se moque de tout patrimoine comme de l'an quarante. Il ne jure qu'en terme de flux, d'échange, de mouvement. Tout ce qui a quelques racines, qui est immobile, silencieux, ... lui fait horreur. Il lui faut du bruit, de la fureur, des imprécations, des vociférations. Du Jardin des plantes à l'Arc de Triomphe, des colonnes de marbre aux grilles en fer forgé, il lui faut tout démolir. Ce commerce-là ne jure que par les courants d'air. Il ne supporte pas qu'un homme lui résiste en restant debout. Il lui faut des hommes et des femmes, couchés, vautrés, rampant ; des loques qui s'empiffrent. Caricature, certes !

30. Au milieu de ce capharnaüm, d'un déluge de consommations qui épuise à grande vitesse les ressources rares de la planète, vous voici placés comme vigies, sentinelles et phares. Que les flots déments s'acharnent contre vous, vos fonctions et vos rôles, quoi d'étonnant ? mais le bateau en détresse, la maison ou la voiture en feu, la route encombrée, l'accidenté, l'ignorant, le malade, le désorienté, la victime, le commerçant dont la boutique a été dévastée par des sauvages ... sont tout heureux de vous rencontrer en chemin quand tant d'hommes affairés n'ont plus le temps de rien, sinon d'accroître leur fortune, en passant le plus vite possible à côté, le plus loin possible, de celui qui n'en peut plus, qui a besoin d'aide, qui n'y arrive pas tout seul.





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