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mercredi 24 janvier 2018

Lettre ouverte aux journalistes




Projet France2022

Lettre ouverte aux journalistes



Pour le lecteur qui aurait une vision très noire du monde journalistique : Jean-Michel Apathie défendant Edwy Plenel (vidéo). alors même qu'Edwy Plenel trouvait son attitude "misérable" quelques mois auparavant (vidéo).


Résumé : lettre manifeste à destination des journalistes soucieux d'être des médiateurs aussi parfaits que possible pour offrir à tout homme et toute femme de bonne volonté les moyens de comprendre les événements du monde sans jamais désespérer mais en gardant un coeur ardent afin d'agir en vue d'une élévation morale, incarnée et spirituelle de l'humanité.

Summary: clear letter to journalists anxious to be as perfect as possible mediators to offer to every man and woman of good will the means to understand world events and never despair but keeping a strong heart to act for a moral elevation, embodied and spiritual humanity.

Resumen: clara carta a periodistas ansiosos de ser tan perfecto como posibles mediadores para ofrecer a cada hombre y mujer de buena voluntad los medios para entender los acontecimientos del mundo y no la desesperación, pero manteniendo un corazón fuerte para actuar para una elevación moral, encarnado y la humanidad espiritual.

Резюме: ясно письмо журналистов , стремящихся быть совершенным , как возможные посредники , чтобы предложить каждому мужчине и женщине доброй воли средства , чтобы понять мировые события и никогда не отчаиваться , но сохраняющий сильное сердце , чтобы действовать для нравственного возвышения, воплощенных и духовное человечество.   




1. En la fête de Saint François de Sales, le temps est venu de s'adresser à chacun d'entre vous alors que la France, l'Europe et le monde entier ont tant besoin de votre médiation, de sagacité, de votre saine curiosité, de votre souci de la vérité, de votre courage, de votre audace et de votre goût pour l'information maintes fois pesée et vérifiée. Comme Michel Rocard le signalait de façon magistrale dans son livre "Le coeur à l'ouvrage", votre profession détient un pouvoir capital dans les sociétés actuelles. Autrefois l'apanage des souverains puis des gens de plume et aujourd'hui de tout un chacun, vous possédez encore, dans l'exercice de ce pouvoir, une longueur d'avance sur nombre de citoyens mais, au fil du temps, vous risquez d'être vous-mêmes dépassés par l'avènement des moyens de communication prodigieux que le génie inventif des hommes ne cesse de développer et de perfectionner.

2. Vous risquez plus encore d'être laminés chaque fois que vous céderez à l'air du temps, aux sirènes des pouvoirs corrompus, aux tentations d'abuser de votre statut, aux attraits d'une vie matérielle égoïste qui profite d'une position dominante pour aspirer des revenus qui reviennent de droit à ceux qui, comme vous, travaillent avec ardeur mais qui, faute d'une reconnaissance légitime, s'escriment durement et ne recueillent que des miettes.

3. A la tentation d'une jalousie malsaine, opposez une vigilance farouche qui vous portera à vous entraider dans la tourmente : les années à venir ne manqueront pas de bousculer votre profession et si vous n'y prenez garde, il ne restera  à chacun d'entre vous qu'un tout petit espace pour vivoter car, en d'innombrables points du globe se lèvent une multitude de plumes prêtes à en découdre avec les émetteurs d'informations erronées, indigentes, sans saveur, obsolètes, ... ; s'élèvent quantité de voix qui couvriront bientôt les facéties médiatiques d'un ridicule et d'une honte laissant peu de place à la malhonnêteté intellectuelle, à la compromission, à l'inexactitude, à la flagornerie et au manque de recul dans le commentaire de l'actualité.

4. Tout comme la plupart des métiers, le vôtre est touché de plein fouet par la conjonction de progrès techniques que rien ne peut endiguer sinon un cataclysme planétaire tel que celui qui faucha, au début du XXème siècle, une Europe en plein essor. Nous pouvons légitimement supposer que les générations actuelles, bien instruites des conséquences d'un désastre centenaire, ne reproduiront pas les mêmes erreurs que leurs aïeux en dépit même du scepticisme qui prévaut parmi ceux qui ne croient guère aux progrès moral de l'humanité. Ceux-ci oublient trop souvent la puissance de la Résurrection du Christ. Elle anime désormais le coeur profond du genre humain. Elle ne cesse d'irriguer, en tous lieux, les moindres parcelles de bonne volonté.

5. C'est en revenant, sans vous lasser, au coeur ouvert et battant du Christ que vous trouverez la force de surmonter tous les obstacles qui se dresseront sur votre route. Chemin, Vie et Vérité, le Christ donne à chacun de vos parcours l'orientation essentielle d'un travail de fond : tracer de nouveaux sentiers de connaissance dans la jungle des événements du monde ; faire surgir l'espérance là où ne gisait qu'un morne désespoir ; éclairer d'une lumière vive mais réconfortante le coeur de tous ceux que le mensonge plonge dans l'inquiétude. Vous saurez notamment défendre la vérité et l'asseoir sur ses deux piliers indissociables : l'exactitude et la complétude.

6. Tant de personnes sont tentées, comme autrefois mais plus encore aujourd'hui, de tirer les fils d'une exactitude pour en faire le  nec plus ultra d'une vérité incontournable et indéniable alors qu'il suffirait de déplacer l'angle de vue, d'élargir le champ d'investigation, de convoquer d'autres faits, gestes et paroles, d'autres lois, d'autres proportions ... pour montrer que la soi-disant vérité absolue n'était en réalité qu'un mensonge de plus ! ou, pire encore, une tentative de démolir, d'épingler, de désigner à la vindicte publique, d'anéantir ... une personne, une institution, une action généreuse, une oeuvre d'art censément imparfaite, une prise de position judicieuse et vertueuse.

7. Dans un monde tenté par la délation, par la condamnation impitoyable, par la mise à mort sans procès, vous êtes en mesure de rétablir les faits, de participer à l'élaboration d'un discours nuancé, d'enquêter sur le fond d'une affaire, de défendre celui ou celle qu'une fausse conception de la liberté aura livré(e), pieds et poings liés, à la colère des foules en délire, à la rage d'internautes qui trouvent là un terrain de jeu et un exutoire d'autant plus facile et simpliste qu'il se répand à l'abri d'un anonymat commode et d'une impunité enivrante.

8. Afin de ne jamais perdre de vue ce qui vous anime en profondeur, sachez voir loin et grand, même lorsque le traitement d'une question ou d'un sujet vous demande d'aller dans le détail : la défense de ceux qui n'ont jamais voix au chapitre, de ceux que le rouleau compresseur de médias par trop orientés ne laisse pas s'exprimer, de ceux que l'ignorance maintient dans les méandres d'une pensée incertaine, de ceux qui n'ont pas accès comme vous à des informations de première main, de tous ceux que leur jeunesse et leur inexpérience exposent aux roublardises des bonimenteurs, aux coups vicieux, aux entraînements et aux enchaînements les plus sordides.

9. En exerçant votre métier avec la rectitude intellectuelle et morale qui l'ennoblissent, vous pouvez accomplir un bien inestimable, vous pouvez délivrer de la peur tous ceux qui se sentent prisonniers de discours inutilement alarmistes, de nouvelles qui paraissent prouver que le monde va de mal en pis et que la planète serait vouée à s'effondrer sous le poids d'une humanité de plus en plus déglinguée ou trop nombreuse aux yeux des esprits rongés par le malthusianisme ambiant. Pour avoir traversé de multiples crises, couvert tant de catastrophes, vous êtes souvent les premiers témoins d'exploits de générosité, de trésors d'ingéniosité, d'actions héroïques et vous êtes ainsi en mesure de redonner de l'espoir à ceux qui doutent des autres ou de leurs propres capacités à surmonter les épreuves de ce temps. 

10. Alors que se multiplient les sources d'informations, les émetteurs de nouvelles et les commentateurs de l'actualité, nous avons besoin de trouver des lieux sûrs où les faits sont rapportés fidèlement, des sites fiables, des tribunes qui situent les événements avec justesse dans une longue histoire sans laquelle ils demeurent inintelligibles. "Historiens de l'instant" (Camus), vous l'êtes d'autant mieux que votre plume s'abreuve aux récits de haut vol, aux oeuvres des grands maîtres du reportage, des témoins les plus fidèles, aux actes héroïques des martyrs authentiques.

11. A l'aube de notre ère, quatre d'entre eux sortent du lot et seuls quelques esprits attardés peuvent prétendre se passer de leur science et de leur art consommé de la narration. En vous plongeant aussi souvent que possible dans les textes qu'ils nous ont laissés, vous perfectionnerez votre style et vous saurez toucher vos lecteurs, vos auditeurs, par la magie d'un verbe qui ne cherche pas à séduire, qui ne trompe jamais, qui transmet l'essentiel sans édulcorer ou dénaturer la vérité.

12. Que vous rapportiez un fait d'apparence anodine ou l'un des grands événements contemporains, vous saurez faire preuve d'une délicatesse et d'une précision qui confondront tous vos détracteurs et toutes les personnes toujours promptes à douter de toute relation, de ce qui ne vient pas de leur propre fonds, de ce qui ne résulte pas de leur propre expérience. Ayant à coeur de ne jamais trahir ceux qui vous font confiance, vous serez les témoins vivants d'un monde qui gît dans les douleurs de l'enfantement, qui meurt à chaque instant mais pour renaître avec plus de vigueur. Vous tenant sur les lignes de fracture qui zèbrent et déchirent en tous sens le tissu d'une société malade mais toujours vaillante, vous pouvez dire les mots qui permettront à chacun de se tenir prêt à porter secours, à imiter le meilleur, à découvrir ce qui vaut la peine d'être connu. Comme les quatre évangélistes qui ont su tirer de l'Ancien monde les clefs de compréhension du Nouveau monde, vous saurez ne jamais perdre de vue ce que nous ont légué nos prédécesseurs : leurs pensées nous aident aujourd'hui à y voir plus clair quand tout semble s'obscurcir, quand s'écroulent des pans entiers de civilisation sous les coups de butoir de groupuscules dérangés. Comme les quatre évangélistes qui ont compris que les événements qu'ils relataient permettaient aussi de mieux saisir ceux d'autrefois, vous aurez à coeur de tirer du présent des clefs capables d'ouvrir de nouveaux champs d'exploration du passé.

13. Comparaison n'est pas raison : les évangélistes ont eu le temps de vivre une expérience avant d'en faire le récit. Pris par des délais très courts, comment rédiger un article de presse avec assez de recul ? Faudrait-il d'ailleurs écrire toujours à chaud ? Est-il besoin de tout commenter, de tout rapporter ? La façon de procéder des évangélistes révèle une autre dimension plus essentielle que la mise par écrit en différé : l'attention porté à l'invisible ; aux enseignements dont les faits, gestes et paroles sont porteurs ; à la part immatérielle d'une réalité tangible. Sur ce point, le métier de journaliste demande une extrême rigueur : comment puis-je construire un discours qui ne trahisse pas la réalité alors qu'il est si facile de juxtaposer deux informations de telle sorte que l'une jette un soupçon, un froid, un doute ... sur l'autre ? Dès que le son et l'image sont en jeu de surcroît, la rigueur doit s'accompagner d'une très grande honnêteté : un oeil, une oreille, un cerveau humain, même exercés, ne sont pas toujours en mesure de déjouer les pièges sémantiques et syntaxiques qui se cachent derrière un discours d'apparence très lisse mais qui est ordonné pour insinuer des pseudo-vérités ou pour induire en erreur.

14. L'exercice de rédaction en seconde main, dans l'urgence, est d'autant plus difficile qu'il s'accompagne nécessairement d'une confiance a priori que j'accorde à une source première dont il n'est pas toujours possible de vérifier le contenu des émissions. Difficulté qui va s'amenuiser d'années en années tant les techniques de communication permettent aujourd'hui de croiser les informations. Demeure une difficulté plus fondamentale : comment relater sans être de mauvais parti pris ? C'est-à-dire sans verser dans une accusation à l'emporte pièce qui engendre plus de problèmes qu'elle n'en résout et qui peut même sérieusement envenimer les débats, empoisonner les esprits, aggraver des crises, obstruer des voies de guérison, retarder des processus de décision pourtant vitaux.

15. Vous êtes en position de jouer un rôle essentiel dans l'avènement de prises de conscience dont notre pays a tant besoin. Au chevet d'une France qui va mal, vous ne vous laisserez pas aveugler par ceux qui paradent et plastronnent parce qu'ils tirent leur épingle d'un jeu dangereux. Vous ne vous laisserez pas non plus abuser par des symptômes qui ne reflètent que de mauvais traitements tout en voilant les causes profondes de mal être. Vous serez capables, comme certaines de vos consoeurs et certains de vos confrères, de vous plonger dans des situations que seul un temps d'observation et d'écoute suffisamment long permet d'appréhender, de mieux comprendre et d'exposer, sans les rétrécir, les réduire, les négliger ou les ignorer. Vous n'aurez plus peur de dire ces choses qui dérangent des pouvoirs préférant l'ombre à la lumière, la domination au respect, le désordre à l'harmonie, la désinformation à la vérité. 

16. Vous ne serez pas de ceux qui confondent religion et superstition, qui brocardent l'Eglise sans la connaître, qui érigent leur petite expérience en vérité universelle puisque vous savez que nous sommes tous plongés dans un monde où il est impossible de tenir et de vivre sans un minimum de confiance. La moindre de nos actions quotidiennes suppose de s'en remettre au sérieux, à l'habileté, à l'art et au métier de tous ceux qui ont construit ou qui entretiennent le patrimoine incroyable dont nous sommes les héritiers et les heureux bénéficiaires : bâtiments, réseaux de communication, moyens de transport, ... Si nous passions notre temps à douter de la solidité des ouvrages, de la fiabilité des instruments dont nous disposons, de l'honnêteté de tous les intermédiaires et de ceux qui se trouvent en bout de chaîne, notre vie serait infernale tandis qu'il arrive, hélas, que notre confiance se soit portée sur des garanties brutalement détruites à la suite de négligences, de fausses économies, de turpitudes, ... ou par l'effet d'un désordre difficilement explicable voire supportable tel l'effondrement au mois d'août 2018 d'un pont autoroutier dans la ville de Gênes en Italie .

17. Ainsi, ne vous laissez jamais intimider ou dérouter par ceux qui prétendent que nous n'aurions plus besoin de croire : plus que jamais, notre foi, au sens le plus large qui soit, va se trouver confronter à des situations qu'il lui faudra aborder le front dégagé, les épaules ouvertes et avec le regard droit d'une conscience qui connaît les tours et détours de l'esprit humain, qui sait avec quelle facilité n'importe lequel d'entre nous peut se perdre en conjectures vaines, en suppositions erronées, en des raisonnements sans queue ni tête, dès lors qu'il se met à douter d'une parole en laquelle il avait cru simplement et qu'une mauvaise plume ou qu'une langue perfide auront privée de son incomparable saveur. N'oubliez jamais vos premières admirations : il se trouvera toujours en chemin quelques pauvres diables fort jaloux qui ne manqueront pas d'essayer de démolir les élans de votre jeunesse (voir à ce propos : Lettre ouverte aux jeunes), vos racines, vos trésors les plus saints, vos rires d'enfant, vos élans les plus spontanés, vos sentiments les plus purs. Un être, une personne, aimait à rappeler Bernanos, ne se laisse pas d'abord connaître par ses vices mais par ce qui demeure en lui intact, cette part d'enfance et d'innocence que d'effroyables traumatismes risquent parfois d'occulter et d'étouffer dans l'attente d'une libération que seul un coeur très aimant est en mesure d'initier, d'accompagner, de parachever et ... de ne pas s'attribuer.

18. En observant le mouvement général de l'histoire des hommes, vous pourrez constater que l'un des plus grands défis à relever aujourd'hui concerne au premier chef la situation même où vous vous tenez : sur le fil du rasoir, à l'interface, en position d'intermédiaires et de médiateurs. Plus que jamais, notre monde a un besoin urgent d'une médiation de grande envergure et de qualité. 

19. Certains pensent que le temps des médiateurs est révolu et ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour qu'ils disparaissent alors que le système législatif de la France, si imparfait par ailleurs, tend, dans le domaine de l'intermédiation, à inscrire dans le marbre l'impératif du développement rigoureux des positions de jointure et des fonctions articulaires sans lesquelles toute société avancée ressemble  à un grand corps malade, rigide, pétrifié, ... incapable de se mouvoir, d'avancer et d'agir. 

20. Le mouvement de négligence et même de persécution à l'égard des intermédiaires ou des médiateurs qui peut sévir aujourd'hui en maintes circonstances n'est pas nouveau puisque nous en trouvons des traces à chaque époque de l'histoire humaine. Ainsi peut-on lire, par exemple, l'élan de la Réforme. Ainsi peut-on interpréter toute velléité anticléricale et toute persécution religieuse. A chaque fois, il s'agit d'une tentative maladroite et stérile visant à supprimer des médiations humaines or la vocation de tout homme est justement de participer, selon ses talents, au développement contraire en devenant, chaque jour davantage, un médiateur de plus en plus ardent dans les multiples champs des activités humaines : passeur d'information, passeur de savoir, passeur de bonté, de foi, d'espérance et de charité, passeur d'énergie. Passeur entre le matériel et l'immatériel, le visible et l'invisible, l'éphémère et l'éternel, l'évanescent et le permanent. 

21. La vocation primordiale de tout homme est en effet d'être un trait d'union, un témoin et les métiers que vous exercez font de vous des professionnels de la médiation. Sans elle, tout homme en vient à se cogner au réel d'une manière brutale et se trouve happé par le tourbillon des violences qui ne manquent pas de l'environner (et qu'il lui arrive hélas parfois d'engendrer ou d'alimenter). Sans elle, ne parvient à lui que les bruits du monde couvrant de leur fureur toute voix paisible, tout murmure vivifiant, tout fin silence libérateur. Assourdi par le vacarme qui cherche à dominer toutes choses, il en vient à ne plus pouvoir distinguer les mille et une tonalités qui tentent en vain de l'avertir, de l'apaiser, de le réconforter, de l'encourager, de l'engager à persévérer, de l'enjoindre à demeurer fidèle.



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